Elsenheim  - L' Eglise Saint-Jacques-le-Majeur  :

elsenheim

   
       
Coordonnées : 1 rue de l'Eglise
67390 ELSENHEIM
 
     
Personne relais : Astrid OSTER  
03.88.92.77.74  

 

Les renseignements récoltés sont le fruit des recherches du curé Emile Gadé (curé de 1941 à 1957), de l’instituteur Vendelin FOESSEL (décédé à Elsenheim en 1939) et de M.Louis SCHLAEFFLI bibliothécaire au Grand Séminaire de Strasbourg. Ils nous apprennent qu’une église existait déjà en ce même lieu au 14e siècle, c’est ce que laisse supposer la mention d’un Recteur « Conradus Von Elsenheim » qui lui était rattaché en 1305.

Au 15e siècle, Jacobus HAGEN, Recteur à Elsenheim pendant 8 ans, lèguera dans son testament, son calice en argent à la paroisse, ce calice-même que Robert a mis à l’honneur en ce jour anniversaire. Il n’en existerait d’ailleurs qu’un seul autre exemplaire identique en Europe.

On connaît certains détails concernant notre église du 17e siècle qui, à cette époque, est entourée d’un cimetière. Le baptistère de forme hexagonale en grès des Vosges, qui se trouve maintenant à l’avant de la nef (il se trouvait dans la chapelle de St Antoine il y a quelques années encore), date de 1607, tout comme le confessionnal encastré. C’était au temps du Recteur Antoine AXAEUS.             .            

Il semble qu’Elsenheim ait été très tôt une commune assez riche puisque son curé est nommé « Recteur ». Ce n’est pas l’Inspecteur ecclésiastique installé dans le chef-lieu du canton comme aujourd’hui. Est appelé Recteur, le prêtre qui vit exclusivement des revenus versés par ses paroissiens. Parfois, il n’habite même pas au village et se fait remplacer par un autre prêtre (le pléban) auquel il cède une partie de ses revenus.                          

En 1664, une cloche est coulée en l’honneur du Très-Haut, à la demande de Nicolas Magnus, Recteur à Elsenheim, de l’archiprêtre Dolt et des paroissiens d’Elsenheim.

Le 11 février 1665, elle est mise en place aux conditions suivantes : elle sonnera tous les jeudis soirs en souvenir des souffrances de Notre Seigneur et le vendredi à midi, en souvenir de sa mort. Et quand elle sonnera, on dira l’oraison suivante : « Seigneur Jésus, souviens-toi de moi et aies pitié de moi à l’heure de ma mort. Amen ! » Cette clause sera respectée jusqu’en 1871.

En 1700, on parle d’une autre cloche dédiée à ST. JACQUES. Elle sera coulée par Jean-Pierre EDEL de Strasbourg à l’époque du curé André HERRMANN et du maire Martin JEHL

Entre 1706 et 1732, l’état de l’église nécessite des travaux de réparations.

Un premier orgue est installé en 1749. Son origine est inconnue et on perd sa trace en 1826.

Au 18e siècle encore, la statue de St Antoine de Padoue et celle de Ste Barbe prendront place dans d’église. Le socle et le calice de la statue de Ste barbe qui a été restaurée, sont des éléments plus récents.

Le 24 mai 1810, on bénit une autre cloche, dédiée à STE MARIE-MADELEINE.

En 1824, on projette d’agrandir l’église. Les travaux commencés le 2 avril 1825 ne seront achevés fin mai 1828, à cause de l’importance des travaux ou peut-être de difficultés de financement.

En 1826, le curé Henri MEYER, officiant à Elsenheim depuis 1803, bénit deux cloches qui remplacent celles qui ont été confisquées pendant la Révolution.

Le 2 juin 1828, il consacre la nouvelle église. Pendant les travaux, le Très Saint Sacrement est resté au presbytère.

L’église a besoin d’un nouvel orgue et en 1830, la municipalité et opte pour un CALLINET.Le devis de Callinet est approuvé par le Préfet le 13 mars 1831 et cet orgue restera en place jusqu’en 1934.

En mars 1831, donc plus de 40 ans après la Révolution, des fleurs de lys, symbole de la royauté, sont toujours gravées sur la croix du clocher ; le 14 de ce même mois, le Maire JEHL, rappelé à l’ordre et reconnaissant les faits, prend les dispositions nécessaires pour les faire disparaître.

En 1848, au temps du curé Jean WURM, le chœur et le clocher de l’église sont reconstruits. Le cimetière, qui entoure l’église sera déplacé la même année à l’endroit que nous lui connaissons et béni par le curé WURM en même temps que la nouvelle église.

Le premier homme à y être enterré, est Jean ACKERMANN, agriculteur et conseiller municipal décédé le 11 novembre 1848, à l’âge de 55 ans.

C’est lui qui avait transporté sur sa charrette, les pierres ayant servi à la construction du mur d’enceinte du cimetière. A cette occasion il aurait dit : « Je me demande qui reposera le premier dans cette nouvelle demeure ? » Qui aurait pu penser que ce serait lui...

Le 22 décembre 1851, trois cloches sont bénies : la plus grande est dédiée à ST. JACQUES, les deux autres à la Ste Vierge et à St. Michel.

Le banc de communion dont il ne reste qu’une partie, date de 1858. La même année, le peintre et doreur Thomas SCHMITT restaurera la chaire et ses quatre évangélistes. Cette même chaire sera malheureusement enlevée et détruite au moment de la rénovation de l’église achevée en juillet 1981. (petite parenthèse...En 1981, un don de Monsieur Paul BURGI, décédé, permettra l’installation du vitrail circulaire que vous pouvez apercevoir dans l’oculus du chœur.

Les fondations de l’église qui ne sont pas assez solides, sont en train de s’affaisser. D’énormes fissures nécessitent sa démolition en 1864 ; le dernier baptême y sera célébré le 6 juin 1864 par le curé BURGSTAHLER. Il s’agit du baptême de la petite Léonie Schmitt né le 5 juin 1864, fille de Sébastien et Anne-Marie Kieny. Ce même mois, il posera la première pierre de la nouvelle église.

En 1864 encore, une cloche de 158 kg est livrée. Elle sera confisquée en 1917 mais retrouvée à Francfort en 1919. (cf.Schlaefeli)

Les travaux de l’église qui dureront une année entière seront achevés en juillet 1865, date à laquelle les frères Wetzel, facteurs d’orgue, pourront remonter l’orgue auquel ils ajouteront un clavier.

On conservera le clocher construit en 1847-48.

En attendant, le prêtre officiera dans la grange qui avait servi autrefois à la collecte de la dîme.

Durant son ministère, de 1890 à 1911, le curé Achille Gentil sculptera la statue de St Jacques (qui se trouve devant le confessionnal du 17e siècle), il construira la grotte de Lourdes et façonnera la statue de Ste Bernadette en prenant pour modèle Joséphine Schmitt, une jeune fille du village,. Il repose dans notre cimetière.

 En 1917, trois cloches sont confisquées, destinées à être fondues pour la fabrication d’armes. Mais l’une d’entre elles, qui date de 1864, est celle qui sera retrouvée à Francfort en 1919.

En 1934, à l’époque du curé Jérôme DORNSTETTER, Georges Schwenkedel, facteur d’orgue, remplace l’orgue Callinet par son « Opus 51 ». Le Buffet est toutefois conservé. Le premier orgue Schwenkedel ainsi que le Buffet Callinet seront détruits en 1945 pendant la seconde guerre mondiale. (Source : P.MEYER-SIAT  « Les trois orgues d’Elsenheim ») Pour la petite histoire, le curé Dornstetter, passionné musicien et organiste, lors des grandes fêtes, fera célébrer la messe par un curé de l’extérieur pour pouvoir lui, se mettre à l’orgue.

1939/1945 –Durant la seconde guerre mondiale, l’église souffrira elle-aussi et les réparations se feront petit à petit. La tâche du curé Emile GADE arrivé en 1941 n’est pas facile car la guerre détruira en partie son église. Nullement découragé, il créera des mouvements de jeunes comme la J.A.C., une section de basket, fera renaître l’équipe théâtrale, écrira des articles dans « l’Ami du Peuple » (Volksfreund) (il pourrait s’agir d’un autre journal chrétien de l’époque) sous le pseudonyme   de   « Riedonkel » (l’oncle du Ried). C’est de ces journaux que j’ai pu extraire une partie de l’histoire de notre village et de notre église.

 Le 27 mai 1943, les autorités allemandes décrètent que sur les quatre cloches existantes, seule la petite cloche devait échapper à la confiscation. (cf.Schlaefli). Cette cloche sera touchée par un impact en 1945 et restera quelque temps entreposée dans la remise qui existait dans le jardin du presbytère.

En 1947, l’église est parée d’une nouvelle girouette, l’ancienne, détruite pendant la guerre étant partie à la ferraille. Deux années se sont écoulées depuis la fin de la guerre avant qu’on ne répare le clocher. Il brille maintenant dans ses habits tous neufs. Les ouvriers de l’entreprise BILTZ, habiles et travailleurs, ont réussi à lui donner cette belle allure.

L’ardoise est rutilante et la croix de 4 mètres de haut, lourde de 300 kg, se dresse fièrement sur une sphère d’un jaune pâle.

Sur la croix sont gravés l’année 1847, date de sa fabrication et le nom du forgeron auteur de cette œuvre, Michel PETIT d’Elsenheim. Son grand-père, originaire d’Orbey, était venu s’installer à Elsenheim en 1773 après avoir épousé fille de l’instituteur d’Elsenheim. Cette croix ornera le clocher de 1848. On retrouve cette date sous le porche, à l’entrée de l’église.

Le coq est hissé au sommet de la croix en ce dimanche 21 septembre 1947 après avoir été mené en procession autour du village, paré de rubans. Au préalable, le curé Gadé l’avait béni dans le chœur de l’église.

Tout en haut, sur la croix et sous les ailes protectrices du nouveau gardien du village, se tiennent deux ouvriers ; comme le veut la tradition, ils boivent du champagne en présence de la foule rassemblée pour l’occasion. Puis quelqu’un annonce : « Le coq va parler !»

Un homme prend alors la parole en son nom, parlant du temps, de sa qualité de coq gaulois, de témoin de la religion etc…On relève dans ce discours quelques vers qui suscitent les applaudissements de la foule :                                

         « Nur um eins düa ich jetzt bitta

           Macha mer net en allem no

           Draja eich net no alla sitta

           Das esch nur fer d’Gockel do »,

ce qui pourrait se traduire par :   « Je n’ai plus qu’un souhait à présent

                                                    Ne faites surtout pas comme moi

                                                    Ne tournez pas à tous les vents

                                                    Seules les girouettes en ont le droit »

A la fin de l’allocution, les verres et la bouteille de champagne vides sont jetés du haut du clocher et viennent s’écraser contre le mur du jardin voisin : « Scharwa brenga Gleck ! » ça porte bonheur.... Le coq est maintenant laissé à son destin : indiquer la direction du vent.

Cette même année on installera aussi le vitrail de St François d’Assise dans la chapelle St Antoine, au fond de l’église et en décembre, ceux de Ste Anne et de St Louis, ce dernier résultant d’une donation de la ville de Barr.

Tous les ans, a lieu la vente aux enchères des places des bancs de l’église. En cette année 1948, la quête servira à payer le vitrail du Sacré Cœur qui portera cette inscription : « don de la fabrique de l’église d’Elsenheim ».

Monsieur KIENTZ, industriel de Scherrwiller, proprétaire de l’usine de tissage d’Elsenheim, fera lui aussi un don qui paiera le vitrail de Saint Pierre et une partie du vitrail de Saint Paul, le reste sera payé par la fabrique de l’église.

1950 - Les réparations des bancs de l’église ont été entreprises par Eugène FRITSCH, menuisier à Elsenheim.

1951 - Les vitraux de St Jean, de St André, de la Ste Famille et de St Dominique ont été installés, les deux derniers étant des dons de Mme Marie RAEHM d’Elsenheim.

Les deux derniers vitraux seront mis en place en 1958. Comme ils sont destinés à la tribune où se trouve la chorale, les motifs représentent l’art lyrique. Un des vitraux est une donation de Melle Thérèse Burgi et a été inauguré en même temps que les deux autels annexes.

Et toujours en 1958, Honoré Fux, serrurier à Elsenheim et le menuisier Haumesser, d’Artolsheim travailleront main dans la main avant la mise en peinture de l’église.

Les travaux à l’église après la guerre dureront ainsi jusqu’en 1959, date à laquelle le second orgue SCHWENKEDEL du lieu, l’OPUS 155 avec sa façade constituée de rangées de tuyaux en étain et en bois, sera mis en place.

C’est sur ce point d’orgue que s’achève notre tour d’horizon des siècles qui ont vu se faire et se défaire ce bâtiment qui est notre église. Elle a autrefois connu une fréquentation massive, régulière...ce n’est plus le cas de nos jours. Elle reste néanmoins le témoin de nos vies, l’endroit où l’on vient confier ses plus grandes joies comme ses plus grandes peines. Souhaitons-lui longue vie...cela dépendra en partie de nous....