Marckolsheim - L'Eglise Saint-Georges

 

marckolsheim

   
       
Coordonnées : 3 Place de l'Eglise
67600 MARCKOLSHEIM
 
Personne relais : M.Rose BRUNET  

03.88.92.55.45

 

 Les sanctuaires de Marckolsheim :

Selon l'éminent historien, M. Lucien Pfüeger, auteur d'un répertoire des églises d'Alsace, Marckolsheim possédait dès l'époque mérovingienne un sanctuaire chrétien érigé sur les ruines d'un ancien temple païen, église dédiée à saint Georges.  Mais le premier document conservé dans les archives date de 1295 ; il fait état d'une église à Marckolsheim, paroisse alors érigée au rang de « rectorat ». En mars 1445, le sanctuaire de Marckolsheim - ayant un cimetière alentours - fut partiellement détruit par des bandes d'Armagnacs. Restaurée et rénovée la même année, l'église fut bénie et placée sous le patronage de la sainte Vierge, de saint Georges et de sainte Marguerite.

 La guerre de Trente ans marqua une nouvelle période de vicissitudes, et l'honorable sanctuaire connut de nouvelles destructions. C'est sans doute à cet édifice que fait allusion le topographe d'lchtersheim dans un document publié en 1710 il est dit : « Lglise de Marckolsheim a l'aspect d'une antiquité ».

 Un siècle plus tard, au cours d'une séance du conseil municipal de Marckolsheim, qui s'est tenue le 10 avril 1834, pour cider de la construction d'une nouvelle église, le maire Rosenzwey déclara :

 « L'ancienne église est vétuste et les fidèles (le chef-lieu du canton comptait alors 2 300 âmes) y sont littéralement entassés. Sa construction de style gothique, mais bien trop basse, a déjà causé bien des soucis aux autorités locales à cause, surtout, du danger latent de contagion. La construction d'une nouvelle église s'avère donc urgente et répond au désir de toute la population ».

Ainsi fut fait. La mise en chantier d'un nouveau sanctuaire fut décidée avec l’approbation de 15 conseillers sur 16. Le 15 août 1836 eut lieu la pose de la première pierre et, le 12 octobre 1837, la population de Marckolsheim fêta l'achèvement du gros-œuvre auquel 38 artisans et manœuvres avaient travaillé sous la direction de l’architecte Kuhlmann de Sélestat et du chef de chantier Moeglin .

A l'époque, on appréciait les décorations picturales des murs et des plafonds. La fresque du « sermon sur la montagne », qui ornait la voûte de l 'abside, fut réalisée par ·les sœurs Sorg, artistes venues de Paris, et l'image de saint Georges, au-dessus d'un autel latéral, par Mlle de Montfort, artiste peintre, également de Paris. Ce petit chef-dœuvre fut un don de l'empereur Napoléon III ; l'inscription au bas de la toile en témoignait.

La consécration de cette église a eu lieu en 1839 par Mgr Jean François Marie Lepaippe de Trévern, assisté du chargé dmes, M. le recteur Mathis, curé-doyen natif de Marckolsheim . Le coût de cette église, aménagement intérieur compris, se montait à près  de 250 000 francs-or. Les subventions d'Etat ou du département n'existant pas, la commune eut recours , pour le financement de la construction, à des coupes extraordinaires de bois dans la Hardt et à la vente d'importantes terres en friche.

C'est cette église imposante et spacieuse qui est devenue la proie des flammes, sous les bombardements aériens et tirs de l'artillerie allemande, lors de combats de juin 1940, alors que la population se trouvait évacuée en Dordogne.

Dressant vers le ciel l'ossature de ses quatre murs, mais basée sur des fondations solides, elle aurait pu être sauvée de la ruine. Toutefois, incorporée dans un plan d'urbanisme élaboré par l'autorité occupante, qui prévoyait sa démolition, les vestiges de cette Eglise devaient disparaître à jamais. C'est par de fortes charges d'explosifs qu'elle fut rasée complètement le 29 avril 1941, jour mémorable et plein de deuil pour notre paroisse. Après la Libération, la priorité des efforts de construction fut donnée à l'habitation et un sanctuaire provisoire fut érigé. Entre-temps la municipalité se plongea sur l'étude des plans de la nouvelle église et chargea les architectes strasbourgeois, MM. HORN & SIGRIST, de la mise au point du projet. 

Pourquoi une nouvelle Eglise ?

Rappelons que l'ancienne église, construite entre 1837-1839 a été détruite par les faits de guerre en 1940 et qu'une église provisoire a été, par la suite, attribuée à la commune par les services Départementaux de la Reconstruction et de l'Urbanisme. C'est alors que M. le Chanoine Jules WETZEL, curé -doyen de Marckolsheim de 1920 à 1953, exerçait son ministère et partageait avec la population les bons et mauvais jours, sans oublier la période d'évacuation en Dordogne de 1939/1940 où il fut d'un précieux soutien. C'est après la reconstruction de notre cité, totalement détruite, surtout dans son artère principale, que commencèrent l'élaboration des plans et devis de cet édifice cultuel, qui devait s'intégrer harmonieusement dans le nouvel ensemble urbain. C'était une préoccupation constante pour le conseil municipal dès l'année 1955 et les curés-doyens Pierre KLEIN (1953-1959) et Emile HAGER (1960-1962) ont apporté leur précieux concours à la réalisation du gros-œuvre. A peine installé à Marckolsheim le 16 décembre 1962, Monsieur le Curé Doyen Ernest DUSSOURD s'est attelé à une lourde et délicate tâche celle de l'aménagement intérieur du sanctuaire. Il y a apporté toute sa compétence et fort heureusement a eu l'idée d'installer au sous-sol une chapelle de semaine qui rend d'éminents services.

L'église telle que nous la connaissons aujourd'hui :

Les dossiers pour la reconstruction suivaient un cheminement long et difficile. Il fallait les avis concordants du Conseil Municipal, de la Fabrique de l'Eglise, de la Préfecture par l'intermédiaire de la Sous-préfecture, de la Direction Départementale de la Reconstruction et de l'Urbanisme, du Conseil des architectes, de la Commission d'Art Sacré ... Les discordances continuelles au sujet de l'église à construire et à meubler, dissensions entre curé et conseil de fabrique, entre maire et conseil municipal, entre commission d'art sacré et dommages de guerre etc... ne facilitaient pas les choses.

Les artisans de la reconstruction : Sous la direction des architectes HORN et SIGRIST de Strasbourg; Ie gros-œuvre a été réalisé par l'entreprise MARTIN de Châtenois ; la charpente, la menuiserie, les bancs et l'ameublement de la sacristie par la Menuiserie Léon SPIEGEL de Marckolsheim ; le crépissage par ZAMOLO Frères de Sélestat ; le carrelage par Lucien DAVID de Sélestat ; la couverture par l'entreprise WENKER de Haguenau ; les vitraux par OTT Frères de Strasbourg ; l'électricité par BILD et SCHER Strasbourg ; la peinture par HUGENSCHMITT Marckolsheim ; la ferronnerie par MM. SIEGEL-KOCH Marckolsheim ; les installations sanitaires et la ferblanterie par l'entreprise Pierre BONETTA de Marckolsheim ; le chauffage par l'entreprise JUNG et KRESS de Strasbourg ; les revêtements comblanchiens et marbres par JAEG de Strasbourg ; l'électrification de la sonnerie des cloches par BONNE et Cie (Mulhouse) ; l'horloge par la Maison UNGERER et Cie de Strasbourg et les orgues par la Maison MUHLEISEN de Strasbourg. Au mois de février 1965, les documents officiels furent murés et scellés côté sud de la porte centrale.

Les aménagements intérieurs :

LES VITRAUX : La maison OTT de Strasbourg a soumis plusieurs projets ; celui qui fut accepté, joue sur le dégradé de la luminosité, sombre à l'entrée et de plus en plus clair vers le chœur. L'harmonie des couleurs se reflétant sur le maître autel baigne de tous les tons le Seigneur dans l'ostensoir à l'heure des Vêpres : une véritable féerie, une ambiance céleste.

LES CLOCHES : Depuis l'entrée en fonction de l'église provisoire en 1947, les fidèles étaient appelés aux offices par sonorisation haut-parleur et sonneries enregistrées sur disques. La maison CAUSARD de Colmar est chargée de fondre les quatre nouvelles cloches. Vendredi le 3 juillet 1964, M.M. Georges BRUNET et André KOCH, venant de Colmar, conduisent les nouvelles cloches à travers les rues de la ville. Un accueil enthousiaste leur est réservé et des larmes d'émotion coulent à leur passage. Elles sont fixées et habillées pour leur baptême sur le parvis de l'Eglise. Sous un soleil ardent, et après un sermon de 40 minutes, Mgr Léon NEPPEL les bénit le dimanche 5 juillet 1964.

Les quatre cloches sont les suivantes :   Cloche DO  : 2400 kg - Christ, Sauveur du Monde, ayez pitié de nous ! Cloche RÉ   : 1700 kg - Ave Maria, Reine de la Paix, priez pour nous !  Cloche MI   : 1150 kg - Sainte Odile, patronne de notre Alsace, protégez-nous !  Cloche SOL : 700 kg - Saint Georges, patron de notre paroisse, intercédez pour nous !

Pour le premier dimanche de l'Avent le 29 novembre 1964, samedi à 18 heures, nos cloches sonnèrent à toute volée pour annoncer qu'elles sont en place et que dorénavant elles inviteront aux Offices et annonceront joies et peines des citadins.

LES ORGUES : La facture de l'orgue est confiée à la Maison MUHLEISEN de Strasbourg. M. MUHLEISEN promet d'y mettre tout son art à un prix très acceptable. Tous les connaisseurs qui touchent nos orgues disent qu'il a réalisé un chef-d'oeuvre ; lui-même a dit : «j'en suis fier, c'est comme un enfant, on ne sait pas d'avance comment il réussira». Le dimanche de la Pentecôte le 6 juin 1965 à 15 heures a eu lieu la bénédiction des orgues touchées par M. CHAPUIS, professeur d'orgues au Conservatoire de Strasbourg, maître de notre organiste Fernand SPIEGEL.

LES AUTELS : M. Valentin JAEG, guide amical et conseiller de valeur et son atelier à Strasbourg -Neudorf ont réalisé le maître - autel, l'autel du Saint Sacrement et la tablette de la Ste Vierge ; le granit vient de Ploumanac (Côtes du Nord), plus rose et plus brillant que celui des Vosges. Les pieds des deux autels et des sièges du chœur sont en forme de croix de St André.

LE TABERNACLE : Epoque de transition aussi dans le domaine de l'agencement des églises. M. JAEG a fixé au milieu du maître autel un tabernacle de la hauteur d'un ciboire moyen, pour pouvoir célébrer l'Eucharistie dos ou face au peuple. Pour la consécration de l'autel (onction avec les Saintes Huiles) M. le Chanoine MAPPUS avait demandé de le mettre sur l'autel latéral, il n'est plus revenu à sa place d'origine. Peu de temps après la consécration de l'église, le petit tabernacle faisant «boîte aux lettres collée au mur» selon la «vox populi» a été remplacé par l'actuel plus grand et en repos sur un bloc de grès assorti au mur. Le petit tabernacle a été posé sur l'autel de la chapelle de l'hôpital local (hospice à l'époque) bénite par Mgr ELCHINGER le 16 Décembre 1966.

LA CRECHE : Elle est l'œuvre du maître sculpteur André BOSSHARDT de Thannenkirch. Elle a été installée pour Noël 1964. Tout désemparé encore, Joseph n'a pas déballé le balluchon et Marie, en attendant mieux, protège son nouveau-né dans le pan de son manteau.

LA CHAPELLE : Pour éviter le travail pénible et désagréable de charger les deux poêles à charbon dans l'église provisoire, chaque matin et soir (la famille Georges BRUNET, sacristain, son épouse Jeanne née KLEIBER et leur enfants se rappellent de la corvée) et surtout pour être plus agréablement unis (une vingtaine de personnes) la pièce sous le choeur de la nouvelle église est aménagée en chapelle, dédiée à «Marie, Mère de la Sainte Eglise». Le 7 janvier 1964, déjà avant la mise en service de l'église, on y célèbre la première sainte messe «nach der Meinung All derer die es ermiiglicht haben in diesem neuen Gottesraum heilige Messen zu zelebrieren» (mit Genehmigung des hochwurdigen Herrn Bischofs). Traduction : aux intentions de ceux qui ont permis de célébrer la Sainte Messe dans cette nouvelle maison de Dieu (avec l'autorisation de Mgr WEBER). Elle a été restaurée à la suite d'une inondation en 1983.

LES JOYAUX DE L'ÉGLISE :  La statue de la Vierge à la pomme, le tableau «du Christ aux outrages» (en allemand = Christus im Elend) et les deux baptistères sont les joyaux de l'église. Nous les devons à l'action remarquable et persévérante de M. le Recteur Ernest DUSSOURD.

Après le concile, les deux autels latéraux traditionnels sont devenus inutiles. Donc l'autel de droite est affecté au Très Saint Sacrement et celui de gauche, «le coin de recueillement auprès de la mère» pour l'image de la vierge.

 

LA VIERGE A LA POMME ou MARIE, NOUVELLE EVE

(15e siècle) . Si dans le futur elle devait quitter sa place à l'Eglise, elle devra retourner à Châtenois d'où elle nous vient. Valentin JAEG a si bien traité «Notre Dame à la Pomme» qu'elle est devenue et reste un des joyaux de l'Eglise.

Admirable dans le mouvement, l'Enfant prend de la main de la Mère la pomme (péché) pour sauver le monde (le globe).

Une statue dans le même mouvement, de la même époque, en pierre, donc moins fine, se trouve à Andorre au petit musée de la cathédrale d'URGEL. 

  
 

LE CHRIST AUX OUTRAGES (15e siècle) :

Ce panneau en bois peint ; double face, de style rhénan, est d'origine privée. Il était à Marckolsheim déjà bien avant la révolution de 1789.

Monsieur le Chanoine WALTER, enfant de Marckolsheim, bibliothécaire de Sélestat, marque dans ses notices personnelles qu'un héritier de la famille de Maître DENGLER lui avait confié ce tableau.

Me DENGLER était notaire à Marckolsheim au début du 19e siècle. C'est donc grâce au chanoine Walter qu'aujourd'hui encore ce chef d'œuvre est à Marckolsheim.

Il a été restauré à Paris en 1981 sous l'égide du Ministère de la Culture et de la Communication (Monuments historiques) au prix de 7 138, 67 Frs dont un quart de la somme a été prise en charge par la Commune. Il est à sa place actuelle depuis Pâques 1982.

 

◊ Pour en savoir plus sur  Le Christ aux outrages  à l'église de Marckolsheim.

LE GRAND CRUCIFIX DANS LA CHAPELLE DES CONFESSIONS : M. le Chanoine Jules WETZEL l'avait fait exécuter dans les ateliers ERNY de Colmar pour la nouvelle église. Jusque là il était au-dessus du maitre-autel de l'église provisoire.

Découvrir  Le  Christ du Crucifix de l'autel de l'église de Marckolsheim.

LA CHAPELLE DES FONTS BAPTISMAUX :

Le triptyque, à la chapelle des fonts baptismaux, malheureusement sans les trois statues, avec à l'envers, la crucifixion genre DÜRRER, vient de l'église du MAUCHEN.

La peinture «Laissez venir à moi les petits» n'avait plus trouvé de place au début du siècle, à l'église brûlée en 1940. Ce tableau relégué au grenier de l'ancienne école des filles (actuellement bibliothèque municipale) a été réhabilité par l'entreprise MEYER (doreur) de STRASBOURG-KOENIGSHOFFEN.

La tradition orale villageoise savait que ce qui servait de puits d'ornementation au jardin de madame Elise MEYER (Laurent), épicerie à côté de l'église rue du Général Kolb, était d'origine le baptistère de l'église démolie en 1834. La veuve MEYER était la mère de Jean-Pierre MEYER, trésorier de la fabrique de l'église décédé en 1963, son époux étant cousin de Mgr KOLB, vicaire général décédé en 1950 (S'Kolwa-Meyers Epicerie). Sachant que ce vénérable souvenir retrouvera et sa place d'honneur et son usage primitif, elle le cède très volontiers. Il a été placé dans la minuscule chapelle des confessions, quel symbole : fonts baptismaux = source d'Eau Vive, Sacrement de la réconciliation, signifié dans le vitrail signé E.D. 1942-1967.

En accord avec la grand-mère MEYER, ce baptistère ne servira que comme cuve d'eau bénite, parce que entre-temps on a encore trouvé plus adapté. Dans le domaine de M. Virgile BLUM se trouvait, en honorable place, une margelle de puits. Madame Marguerite RUMPLER, docteur de l'université de Strasbourg, ne se prononce pas au sujet de sa date : 11e ou 12e siècle ! Après avoir consulté ses enfants, M. BLUM veut bien le céder à son église. Ce puits est usé d'un côté car les paysans y affûtaient les faux. Il porte les enseignes des Plantagenets (deux rameaux enlacés) rappelant la troisième croisade entreprise par le Roi de France Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre, de la famille dite des «Plantagenets».

            

LA STATUE DE ST GEORGES : Un des seuls vestiges de l'ancienne église : la statue du patron de la paroisse St Georges terrassant le dragon, a été restaurée et placée sur la place de l'église après avoir séjournée durant de longues années à la Maison des Oeuvres.

Poursuite de la vie spirituelle dans un nouveau cadre :

A Noël 1963, la messe de minuit a été le premier office célébré dans une église plus dépouillée que l'étable de Bethléem, mais combien pleine de chaleur, de ferveur, de coeur, d'espérance. Tous les participants (700-800) debouts vibraient des chants de Noël soutenus par la chorale sous la présidence de M. Albin WITZ (mort en 1982) et la direction de l'organiste (harmonium) M.Fernand SPIEGEL. Le 7 janvier 1964 fut célébrée la 1 ère messe à la Chapelle sous l'église.

Le 15 août 1964, Mgr NEPPEL bénit la nouvelle église sous le vocable de St Georges et y célèbre la première grand'messe pontificale.

Nous entrons définitivement dans notre église le 4 octobre 1964 pour la fête de Notre Dame du Rosaire, ce dimanche même à 14 H 30 y est célébrée la première sépulture : Marie Madeleine KLEIBER, âgée de 28 ans, fille de Georges KLEIBER et de Maria née CUCUAT, enfants de Marckolsheim.

Parallèlement à l'installation dans l'église a lieu la mise en oeuvre des rénovations dues au Concile pour une vie chrétienne plus convaincue.